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23 avril 2018Être un agriculteur aujourd’hui, c’est surtout être un expert, un entrepreneur et un visionnaire
La ferme de la Patte d’Oie est installée à St Michel dans le Gers, la famille Peres y élève des canards depuis 30 ans, rencontre avec deux générations Philippe l’oncle, Maxime, le neveu.
Quel est le changement, la rupture qui bouleverse le plus votre métier d’agriculteur aujourd’hui ?
Maxime Peres :
La grippe aviaire et les nouvelles normes qui en découlent impactent au quotidien notre métier d’agriculteur-éleveur. Depuis 2 ans, il a fallu faire face à un arrêt de la production, et à une mise en place de règles, de mesures et de protection toujours plus importantes.
Nous avons pu garder le cap grâce à notre stock, et surtout en mettant nos forces dans l’agri tourisme, puisque nous exploitons des chambres d’hôtes sur notre ferme auberge.
Philippe Peres :
Notre métier évolue dans un monde d’exigences : par les normes, par celles du consommateur, par celles du marché et de la concurrence mais aussi par celle de nos voisins à la campagne qui cherchent la tranquillité, pas forcément le chant et le bruit des animaux !
S’installer aujourd’hui comme agriculteur-éleveur demande des investissements importants, car le prix de revient du produit explose du fait des normes et du temps passé à la sécurité alimentaire. Si il nous faut protéger le consommateur et faire ce que nous avons toujours fait, des produits de qualité exceptionnelle, le prix de vente ne peut augmenter indéfiniment sous peine de déphasage avec les acteurs industriels.
Il faut encourager et aider les jeunes à devenir agriculteur, mais en les aidant à être aussi de vrais entrepreneurs !
Philippe, vous dites qu’un agriculteur doit être beaucoup plus qu’un simple exploitant ?
Oui, il doit aussi être un expert, un entrepreneur, et un visionnaire.
Expert, pour s’en sortir dans le magma des normes, pour choisir les meilleures pratiques agricoles et s’interroger en permanence sur comment faire mieux tout en protégeant plus. Nous avons par exemple décidé d’investir dans l’agroforesterie il y presque 10 ans avec des résultats aujourd’hui remarquables notamment pour les conditions de vie de nos canards, mais également en terme de protection de notre nappe phréatique ou de biodiversité. Nous devons être des entrepreneurs, pour réagir aux problèmes, aux contraintes, aux aléas, et enfin des visionnaires, pour savoir que le rôle de l’agriculteur évolue, ses responsabilités et son image. Tout cela impacts notre métier au quotidien.
Vous vous lancez dans un nouveau projet, la méthanisation, pourquoi ?
Maxime Peres :
C’est une source de revenu à terme qui continuera à diversifier nos activités, à renforcer notre exploitation et notre indépendance. Comme pour notre CUMA, notre maitre mot est celui de la coopération, nous lançons ce projet avec deux autres exploitations.
Philippe Peres :
La méthanisation apporte une solution pérenne aux rejets due à notre activité. Nos exploitations deviennent de plus en plus vertueuses par les pratiques, mais aussi par ces innovations, la méthanisation ici, ce sera 800 à 900 personnes approvisionnées en électricité grâce à nos canards.